Richard Gere et le Dalaï-Lama : quatre décennies d’une indéfectible amitié

Le chef spirituel de la communauté tibétaine a annoncé, ce 2 juillet 2025, qu’il aurait bel et bien un successeur. 45 ans plus tôt, naissait entre lui et le héros de Pretty Woman une amitié sur laquelle nul n’aurait parié.

Par Chloé Friedmann - 02 juillet 2025, 17h33

 Le Dalaï-Lama et Richard Gere, photographiés ensemble le 22 octobre 2016.
Le Dalaï-Lama et Richard Gere, photographiés ensemble le 22 octobre 2016. © New Press / IPA/SIPA

Il noue autour de son cou une sorte de foulard immaculé, avant de lui tapoter la joue et de lui prendre les mains. Devant le Capitole de Washington, le Dalaï-Lama offre un châle de prière traditionnel à Richard Gere, son ami de longue date. Le chef spirituel de la communauté tibétaine vient alors de recevoir la Médaille d'or du Congrès. Cette scène, immortalisée en 2007, reflète à elle seule la tendresse entre les deux hommes. En l’espace de quatre décennies, le dirigeant et l’acteur ont en effet bâti une solide amitié.

Le Dalaï-Lama et Richard Gere
Le Dalaï-Lama offre à l'acteur Richard Gere un châle de prière bouddhiste lors d'une cérémonie devant le Capitole, le 17 octobre 2007, à Washington. © Mark Reinstein/Getty Images

Succession assurée

À tel point que le héros de Pretty Woman lui a consacré un documentaire. Il a ainsi produit La Pleine conscience du bonheur, un voyage avec le Dalaï-Lama, dont la sortie en salles est prévue le 1er octobre 2025. Le 30 juin 2025, l'acteur participait, par ailleurs, aux célébrations consacrées aux 90 ans du leader tibétain. Immortalisé les mains jointes, il adressait alors un signe à son compagnon de route. Au total, ces festivités rassembleront 7000 invités, et se poursuivront jusqu’au 6 juillet, date de l'anniversaire du Dalaï-Lama.

Le Dalaï-Lama et Richard Gere
Le Dalaï-Lama et Richard Gere, immortalisés lors des célébrations du 90e anniversaire du chef spirituel, à Dharamsala, le 30 juin 2025. © Ashwini Bhatia/AP/SIPA

Un événement dans le cadre duquel Tenzin Gyatso – son nom spirituel – a en outre confirmé, ce 2 juillet, qu’il aurait bel et bien un successeur. Cette institution vieille de 600 ans sera ainsi "perpétuée", a-t-il affirmé dans un message lu au cœur du monastère de McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde. Il y vit en exil depuis son départ du Tibet, en 1959. Il a par ailleurs affirmé que son successeur ne serait pas nommé par la Chine, mais bien par le Gaden Phodrang Trust (son bureau, basé en Inde). S’il n’a pas encore réagi à cette nouvelle, Richard Gere soutient le chef spirituel depuis les années 1980. 

Une rencontre mémorable

Lorsqu’il rencontre le Dalaï-Lama, l’acteur est encore une star montante du cinéma. Il a découvert le bouddhisme zen aux prémices de la vingtaine. Une discipline qu’il étudie sous l’égide du professeur Joshu Sasaki, comme il le relatera en 1999, dans les colonnes de Lion’s Roar. En 1978, il se rend au Népal avec sa petite amie de l'époque, la peintre brésilienne Sylvia Martins, et rencontre des moines tibétains. Une véritable révélation pour celui dont le chemin s’apprête à croiser celui du 14e Dalaï-Lama. 

Le Dalaï-Lama et Richard Gere
Le Dalaï-Lama donne une conférence au musée Guggenheim, en présence de Richard Gere, à New York, le 16 septembre 2003. © CATUFFE/SIPA

Le comédien se souvient de leur premier échange comme si c’était hier. À l'époque, le leader lui demande s'il éprouve réellement les émotions qu'il montre à l'écran. "Je lui ai donné une réponse d’acteur, en disant que c’était plus efficace si l'on croyait vraiment à l’émotion que l'on jouait, relate Richard Gere. Il m'a regardé très profondément dans les yeux et a commencé à rire. De manière hystérique. Il riait à l’idée (...) que je travaille très dur pour croire en la colère et la haine, la tristesse, la douleur et la souffrance." Une rencontre qui le marquera à jamais. 

Riposte hollywoodienne

En 1987, Richard Gere cofonde la Tibet House, à New York – une institution dédiée à la culture du pays. Six ans plus tard, il devient président de la Campagne internationale pour le Tibet – elle promeut les droits de l’homme et les libertés démocratiques pour le peuple du "Toit du monde". Un engagement qui vaudra à l'acteur quelques heurts. En 1993, il se voit banni de la présentation des Oscars après avoir dénoncé l’occupation du Tibet par la Chine et sa "situation horrible en termes de droits de l'homme". En 2008, il appelle également au boycott des Jeux Olympiques de Pékin. Neuf ans plus tard, le comédien affirme dans le Hollywood Reporter que son combat lui a coûté des rôles dans des blockbusters américains, certains producteurs craignant, selon lui, de s’aliéner le public chinois. Richard Gere s’est depuis tourné vers le cinéma indépendant. 

Qu’importe : depuis des années, l’acteur ne manque jamais d’apparaître aux côtés du Dalaï-Lama. Comme en 1990, lorsqu’ils promeuvent ensemble l'"Année internationale du Tibet", une exposition consacrée à l'art et à la culture du territoire. Ou encore en 2015, lorsque Richard Gere assiste à la cérémonie de remise de la Médaille de la Liberté organisée en l’honneur du leader, à Philadelphie. Dix ans plus tard, ils participent ensemble au 66e anniversaire du soulèvement national tibétain de 1959. Le comédien sera, lui, interviewé dans deux documentaires sur le Tibet, avant de produire son propre film sur son ami depuis plus de quatre décennies.

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