Un seul mot d’ordre, détente cordiale ! La cavalerie de la Garde, bien sûr, rend les honneurs sur le perron de l’Élysée. Au-delà du protocole, Nicolas et Carla Sarkozy vont au-devant d’un couple ami. Le prince de Galles et la duchesse de Cornouailles arborent déjà le poppy (coquelicot) emblématique de l’Armistice, mais ni black tie, ni robe du soir. Sourires, baisemain, embrassade et l’inévitable photo sur le perron. Puis le quatuor s’éclipse pour un dîner privé auquel ont aussi été conviés Jean-Louis Borloo, le photographe Yann Arthus-Bertrand et leurs épouses. Des invités qui donnent le ton, écolo, même si aucun commentaire ne sera fait par l’Élysée.

"Le prince et la princesse sont ici ce soir dans le cadre des célébrations du 90e anniversaire du 11 novembre, c’est tout". Dont acte. Arrivés à Paris plus tôt dans la journée, Charles et Camilla en ont profité pour aller voir une exposition au Louvre puis au musée d’Orsay avant de se promener sur l’île Saint-Louis. À quatre jours de ses 60 ans, le prince de Galles se sent presque en vacances. Rien ne saurait le contrarier. Pas même la polémique de Verdun, qui fait la une de la presse anglaise. Invité de longue date à la commémoration du 11 novembre, il pensait que les cérémonies auraient lieu, comme d’habitude, autour de l’Arc de Triomphe.

Le choix, assez tardif, d’un hommage décentralisé a décontenancé outre-Manche. Verdun, la bataille aux 163.000 morts français et 143.000 allemands, n’a pas vu l’engagement d’un seul soldat britannique. De là à conclure que l’invitation à dîner à l’Élysée avait pour but de faire oublier ce petit impair diplomatique, il n’y a qu’un pas.
Quoi qu’il en soit, le 11 novembre à 11 h, Charles et Camilla sont face au fort de Douaumont avec le couple présidentiel. Parmi les invités de marque, le grand-duc et la grande-duchesse de Luxembourg, lady Quentyn Bryce, gouverneure générale d’Australie et Peter Müller, président du Bundesrat, le parlement allemand. D’Angela Merckel, point. Elle s’est désistée à la dernière minute. N’importe, à Douaumont, le discours présidentiel est rassembleur : "Alors que tous les témoins de cette tragédie ont disparu, alors qu’en France le dernier soldat survivant de cette guerre atroce n’est plus, alors que les haines se sont éteintes, alors que l’esprit de revanche a disparu, que nul parmi ceux qui se sont tant combattus ne songe plus à dominer l’autre, eh bien !, le temps est venu d’honorer tous les morts sans exception".

Dans ce décor de néant, de pierres et de croix, et à l’instant où la flamme est ranimée pour les 130.000 soldats inconnus de l’Ossuaire, l’émotion est palpable. Sensibles à la pompe et aux circonstances, Charles et Camilla n’auront pas manqué d’apprécier. Et tant pis si l’armée anglaise n’était pas à Verdun.

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