Le drapeau américain derrière elle, elle sourit à l’objectif. Avec ses cahiers sous le bras, elle ressemble à n’importe quelle étudiante. Le 18 septembre 2024, le palais royal de Bruxelles révélait que la princesse Elisabeth de Belgique avait entamé son master en politiques publiques au sein de la Harvard Kennedy School, à Boston, publiant pour l’occasion trois clichés de la jeune femme pris par Max Bueno, l’un de ses nouveaux camarades. Huit mois plus tard, l’aînée du roi Philippe et de la reine Mathilde voit son avenir au sein de la célèbre université suspendu à un bras de fer politique.
En effet, l’administration Trump a déclaré, ce 22 mai 2025, qu’Harvard se voyait retirer – avec effet immédiat – le droit d’accueillir ses bancs des étudiants étrangers, par le biais d’une lettre de la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem envoyée à la fac bostonienne. La solution proposée par Kristi Noem ? "Se transférer" dans une autre fac s’ils ne veulent pas perdre leur visa. Harvard n’a pas tardé à répliquer. "Hier, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il révoquait la certification d’Harvard dans le cadre du Student and Exchange Visitor Program (SEVP) et la privait de son autorité pour parrainer des visas F et J pour les étudiants et chercheurs internationaux pour l’année universitaire 2025-2026", indique ainsi l’établissement du Massachusetts dans un communiqué visible sur ses réseaux sociaux.
Pour Harvard, la décision de l’administration Trump "s'inscrit dans la continuité d'une série de mesures gouvernementales visant à exercer des représailles contre Harvard pour son refus de renoncer à son indépendance académique et de se soumettre à l'emprise illégale du gouvernement fédéral sur son programme d'études, son corps professoral et ses étudiants". L’université révèle également avoir déposé plainte. "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir nos étudiants et nos chercheurs", ajoute-t-elle, soulignant que "sans ses étudiants internationaux, Harvard n’est plus Harvard".
Une nouvelle accueillie “avec courage et stoïcisme” par la princesse Elisabeth, rapportent nos confrères de La Libre Belgique. "Mais aussi avec un certain embarras après que son cas personnel a attiré l’attention des médias du monde entier, alors que de nombreux camarades, sur le campus, se trouvent dans la même situation qu’elle." L’université d’Harvard comptait quelque 6.700 étudiants étrangers, représentant 27% des inscrits pour l’année scolaire 2024-2025. "La princesse Elisabeth vient de terminer sa première année. "L’impact de cette décision – ou s’il y en a un – ne sera précisé que dans les jours ou les semaines à venir. Nous étudions actuellement la situation", explique Lore Vandoorne, porte-parole de la Cour belge, citée par RTL Info. De son côté, Xavier Baert, directeur de la communication du palais royal, explique qu’"il faut regarder la situation avec sérénité et attendre. Tant de choses peuvent encore se produire".
Une audience prévue le 29 mai
Nouveau rebondissement en date, ce 23 mai 2025, avec la juge de Boston, Allison D. Burroughs. "À la demande de l’université, elle a émis une ordonnance de restriction temporaire contre le décret fédéral, convenant qu’Harvard avait démontré que sa mise en œuvre causerait un ‘préjudice immédiat et irréparable’ à l’université”, explique le New York Times. "Sans une telle ordonnance, précisait la requête, 'des milliers d’étudiants internationaux qui devaient arriver sur le campus pour les prochains semestres à l’été et à l’automne ne pourront plus entrer sur le territoire'", relate le quotidien américain, dévoilant qu’une audience avait été fixée au 29 mai prochain par Allison D. Burroughs.
Des milliers de jeunes, dont la princesse Elisabeth de Belgique, sont ainsi dans l’incertitude concernant leur avenir. Devront-ils quitter Harvard et s’inscrire dans une autre université aux États-Unis ? Ou leur faudra-t-il rentrer dans leur pays d’origine ? Difficile d’envisager sereinement l’été qui se profile lorsque l’on ignore où l’on sera scolarisé à la rentrée… Outre la duchesse de Brabant, la décision de l’administration Trump pourrait affecter – indirectement – le roi Frederik X de Danemark qui fréquenta l’établissement en 1992-1993.
"Il a aidé les étudiants danois au cours des 30 dernières années grâce à des bourses du Fonds Prince héritier Frederik”, rapporte le magazine Billed-Bladet. "La fondation soutient des études en sciences sociales à la John F. Kennedy School of Government", établissement où est d'ailleurs inscrite la future reine des Belges. "La nouvelle initiative semble également avoir le potentiel d'affecter l'attribution des bourses du roi, ajoute Billed-Bladet, jetant le doute sur sa mise en œuvre cette année."
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